Entre la commémoration du Printemps de Prague (1968) et celle de la Révolution de velours (1989), la Compagnie théâtrale salonaise « Terre contraire » à joué à guichet fermé « La terre d’Havel » devant des lycéens de Viala Lacoste à l’auditorium. Créée dans un premier temps en 2017, la mise en scène de la pièce, coécrite par Cécile Cormeraie, Arnaud Vervialle, Hervé Reboulin, a été retravaillée en résidence au Portail coucou sous la direction d’acteurs de Roland Conti.
L’été suivant, elle est programmée au Festival Off d’Avignon ou « elle est classée dans le Top 30 des meilleurs spectacles sur plus de 1000 produits », rappelle le metteur en scène. Quatre mois plus tard, la troupe salonaise est invitée à se produire dans le Centre culturel tchèque de Paris pour participer à l’anniversaire de quatre événements historiques fondamentaux : la création de la Tchécoslovaquie (1918), les accords de Munich (1938), le coup de Prague (1948) et le Printemps de Prague (1968).
Très pédagogique, la pièce retrace le parcours exceptionnel de Vaclav Havel, de la signature de la Charte des 77 au président philosophe, en passant par les années sombres de l’emprisonnement. Le panache de Cyrano, l’insoutenable légèreté de Kundera, le doute shakespearien, l’enfer sartrien, l’attente brechtienne… sans oublier le rock interprété par Cyril Despontin, l’érudition du dramaturge et essayiste tchèque est convoqué pour interpeller le public d’aujourd’hui : « La tragédie de l’homme moderne n’est pas qu’il en sache de moins en moins sur le sens de la vie mais que cela ne le dérange presque plus… (…) L’éloignement général par rapport à l’être est un terrain propice à toutes sortes de fanatisme ». Denis Fabre, directeur de la DAC, a assisté à la représentation. Il programmera « La terre d’Havel » l’automne prochain au Théâtre Armand.
Devant son succès, la pièce sera de nouveau donnée en Avignon à la chapelle de l’Oratoire en juillet.
Article paru dans l’édition du jeudi 21 mars 2019